Le Grand Concile de Gyeongju : Consolidation du Bouddhisme et Renforcement du Pouvoir Royal en Silla

L’histoire de la Corée est riche de moments pivots qui ont façonné son identité culturelle, politique et religieuse. Parmi ces événements marquants figure le Grand Concile de Gyeongju, une rencontre d’une importance capitale qui a eu lieu au 9ème siècle sous le règne du roi Heondeok de Silla. Ce concile, plus qu’une simple assemblée religieuse, représente un tournant majeur dans l’histoire de la péninsule coréenne, illustrant parfaitement la complexité des relations entre pouvoir politique et influence spirituelle.

Pour comprendre les raisons qui ont mené à la tenue du Grand Concile de Gyeongju, il faut revenir aux bouleversements religieux qui secouaient la société Silla au 9ème siècle. Le bouddhisme, introduit en Corée au 4ème siècle, avait connu une croissance exponentielle, s’imposant progressivement comme religion dominante. Cependant, cette expansion rapide du bouddhisme suscitait des tensions avec les anciennes croyances indigènes et générait des débats philosophiques sur la nature même de la foi.

Face à cette situation complexe, le roi Heondeok, soucieux de maintenir l’ordre social et religieux dans son royaume, décida d’organiser un grand concile à Gyeongju, la capitale du Silla. Ce concile avait pour objectif principal de clarifier les doctrines bouddhistes en vigueur et de poser des limites à certaines pratiques jugées excessives ou contradictoires avec les valeurs traditionnelles coréennes.

Le Grand Concile de Gyeongju rassembla un nombre important de moines, de lettrés confucéens et de dignitaires royaux. Les débats furent vifs et passionnés, témoignant de la profondeur des divisions qui existaient au sein de la société Silla. Au terme de longues discussions, le concile adopta une série de résolutions cruciales qui allait marquer durablement le paysage religieux coréen:

• Affirmation du Bouddhisme S’aeng : Le concile officialisa l’adoption du bouddhisme S’aeng comme doctrine principale du royaume. Cette branche du bouddhisme, caractérisée par son approche plus pratique et accessible à tous, était jugée la plus appropriée pour répondre aux besoins spirituels de la population Silla.
• Restriction des Pratiques Ascétiques: Le concile limita certaines pratiques ascétiques considérées comme excessives ou dangereuses pour la santé des moines. Ces restrictions visaient à mettre un frein à la montée en puissance d’un courant bouddhiste plus radical et potentiellement contestataire.
• Soutien Royal au Bouddhisme: Le roi Heondeok réaffirma son soutien indéfectible au bouddhisme, encourageant la construction de nouveaux temples et monastères. Ce soutien royal était crucial pour garantir l’influence du bouddhisme dans la société Silla.

Les conséquences du Grand Concile de Gyeongju furent profondes et durables :

• Consolidation du Bouddhisme: L’adoption du bouddhisme S’aeng comme doctrine officielle renforça la position du bouddhisme en Corée, l’établissant comme religion dominante pour les siècles à venir.
• Renforcement du Pouvoir Royal: Le concile permit au roi Heondeok de consolider son pouvoir en se présentant comme le protecteur du bouddhisme et garant de l’ordre social.
• Développement Culturel: Le bouddhisme, grâce au soutien royal, devint un moteur important du développement culturel coréen, favorisant la construction de temples majestueux, la création d’œuvres d’art exceptionnelles et la diffusion des connaissances.

En conclusion, le Grand Concile de Gyeongju représente un tournant majeur dans l’histoire de la Corée. Cet événement a non seulement façonné le paysage religieux du pays en consolidant la position du bouddhisme mais a également renforcé le pouvoir royal et contribué au développement culturel coréen. Il témoigne de la complexité des relations entre pouvoir politique et influence spirituelle dans les sociétés anciennes et nous offre un aperçu fascinant des débats religieux qui ont secoué la Corée au 9ème siècle.

Tableau: Principales Résolutions du Grand Concile de Gyeongju